Ville marocaine situé au pied des montagnes de l’Atlas, Marrakech est comme Meknès ou Fès une cité impériale et a été la capitale du Maroc sous les Almoravides, les Almohades, les Saâdiens, puis pendant le règne de Mohammed ben Abdallah (1757-1790). Fondée par les Berbères en 1071, elle s’impose rapidement comme métropole culturelle et religieuse et son architecture bénéficie alors de l’arrivée des artisans andalous exilés de Cordoue et Séville, dont le style fusionné aux influences nord-africaines donne à la ville une architecture originale. Capitale de l'Émirat almoravide, la ville est fortifiée vers 1122-1123, puis après la chute de ceux-ci et la prise de pouvoir des Almohades, ceux-ci y construisirent de nombreux palais et édifices religieux, comme la mosquée Koutoubia. Ils créent aussi les jardins de l’Agdal (terme provenant du mot berbère « Aguedal », signifiant jardin, terme également choisi par Henri Bosco pour le titre de sa revue), au sud de leur palais royal, dont l’irrigation est assurée par un dense réseau de « khettaras » et de viaducs. Son rayonnement culturel attire de nombreux intellectuels et artistes, dont ceux venus d’Al-Andalus, comme le philosophe Averroès. A partir de 1269 cependant, les Mérinides préfèrent établir leur capitale à Fès, ce qui signifie un certain déclin pour Marrakech, malgré le retour de son statut de capitale sous les Saâdiens au XVIe siècle, puis sous le règne du sultan Mohammed III.

Au début du XXe siècle, le khalifa de Marrakech, Moulay Abd al-Hafid est proclamé sultan par les tribus berbères ; la même année 1907, un médecin français établi à Marrakech est assassiné, ce qui sert de prétexte aux troupes françaises pour pénétrer au Maroc. Après la bataille de Sidi Bou Othmane, en septembre 1912, les Français s’emparent de Marrakech qui entre ainsi dans le Protectorat français au Maroc établi par le traité de Fès du 30 mars 1912. Thami El Glaoui, de la puissante famille des Glaouis qui s’était ralliée aux Français devient le pacha de Marrakech pendant toute la durée du protectorat, devenant avec son train de vie luxueux un symbole marquant de l'ordre colonial au Maroc.